Quand la démographie dicte sa loi

Publié le par Martin

Seniors-devant-ordinateur.jpgJe parlais dans un article précédent des aspects positifs de l'accroissement démographique en France. Un autre aspect, plus mitigé, concerne l'alliongement de la durée de vie.

En effet, la démographie française est vivace. Les 65 millions de Français ont une espérance de vie en constant progrès (près de 84,5 ans pour les femmes et 77,8 pour les hommes), une natalité tonique (2 enfants par femme) et un flux migratoire positif.

Malgré tout, il ya pratiquement autant de gens de plus de 60 ans (22,6%) que de moins de 20 ans (24,7%). Et les plus de 75 ans représentent 8,4% de la population.
L'enjeu est l'intégration de ces personnes âgées dans la société. Elles ont peu de revenus mais du patrimoine ; une espérance de vie assez longue mais des frais médicaux très élevés ; peu de possibiltiés de vie sociale faute d'une société adaptée.
La vision actuelle du problème est : les vieux coûtent chers et ne rapportent rien. C'est en partie vrai, si l'on exclut du raisonnement ce qu'ils pourraient apporter. Ils ont l'expérience, le capital, le temps de faire beaucoup. Leur santé et leur 40 années de cotisations les ont néanmoins incités à se retirer et non à s'investir de la société.

Las 2 enjeux-clés me semblent être donc la santé d'une part, la vie active d'autre part, l'un et l'autre étant liés puisque rester actif, c'est aussi rester vivant dans sa tête et dans son corps.
La santé signifie comment traiter et accompagner la fin de vie et la dépendance. Le Président Sarkozy a élevé ce sujet au rang de priorité, constatant l'insuffisance et les errances actuelles du système de soins. Les réflexions engagées seront très certainement insuffisantes mais ont au moins le mérite de démarrer quelquechose.

La vie active n'est aujourd'hui qu'un chantier. Des discussions Etat - syndicats doivent avoir lieu bientôt pour avancer sur les retraites et, partant, sur la notion de vie active. Se focaliser sur la retraite risque cependant de faire passer les discussions à côté du sujet, qui est l'intégration à la vie de la cité des "vieux".

Les entreprises continuent à se débarasser de leurs "vieux" (malgré les discours du genre "le départ des vieux nous fait perdre du savoir-faire", etc.) ; la fonction publique met ses "vieux" à la retraite à 60 ans pile voire avant dans de nombreux cas : il y a là de vrais freins.

Je ne dis pas pour autant qu'il faille travailler jusqu'à 65 ou 70 ans nécessairement. Je dis qu'il faut arrêter le cloisonnement travail / retraite. On peut apporter beaucoup tout en prenant en compte la fatigue de l'âge en conciliant emploi / retraite, temps partiel, travail en indépendant, etc. Il serait également opportun de réfléchir à la valorisation de l'investissement des personnes âgées dans les activités bénévoles et non lucratives (associations notamment).

Il faut imaginer des incitatifs : les charges déjà sont diminuées dans les cas de cumul emploi-retraite.
- si la retraite versée augmentait de quelques points en cas d'activité, rémunérée ou non ?
- si on créait un statut particulier de "conseiller indépendant", idéal pour les transmissions de savoir-faire ?
- si on réfléchissait à des montages de parrainage ou d'investissements de retraités dans des entreprises au moyen d'avantages financiers ?

Ce ne sont que des pistes de réflexion qui n'ont pas de fondement d'études ou autres.
Mais l'idée forte est là : arrêtons de considérer la retraite comme la fin de la vie , mais voyons là comme un moment crucial pour transmettre ; arrêtons de considérer la retraite comme un dû financier mais comme une opportunité sociale ; arrêtons de voir les personnes âgées comme des dépenses, mais aussi comme des recettes !


Publié dans France

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P
<br /> Je suis assez perturbé par ce qu'a écrit Manso. 2 enfants par femme, ça releve du renouvellement. Pas de boom à prévoir ! Et la décroissance démographique n'est pour moi pas du tout à souhaiter en<br /> France ! (ou ailleurs) Un peuple qui décroit ne peut pas être dynamique économiquement, ne peut pas trouver sa place dans le monde. C'est à ce rythme là que le monde occidental va, comme le dit<br /> Attali sur son blog, "sortir de l'histoire", si on ne fait pas au contraire tout pour maintenir chez nous la natalité à 2 enfants / femme ! Pabuen (2 enfants... ;-))<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je suis d'accord avec toi Pabuen. Dépeupler n'est pas la solution ni d'un point de vue relatif (aus autres pays) ni d'un point de vue absolu (par rapport à la planète). La Chine après la Russie,<br /> pour des raisons différentes, nous montrera les échecs des stratégies de dénatalité.<br /> <br /> <br />
C
<br /> Fichez la paix aux vieux !<br /> Il faut vraiment avoir quarante ans devant soi pour se risquer à penser que l'on voudra encore travailler à ce moment-là. Il faut vraiment avoir une vie peinarde derrière soi (une vie de prof par<br /> exemple) pour souhaiter se mêler encore de ce qui ne nous regarde pas (le transfert de savoir-faire). il faut vraiment être de gauche pour imaginer une vie idéale dans laquelle chacun ne pense qu'à<br /> se dévouer aux autres (alors que l'on a généralement évité de le faire soi-même). Fichez la paix aux vieux qui, dans leur grande majorité, ne rêvent que de profiter d'un repos bien mérité.<br /> Ceux qui n'ont pas de vie sociale quand ils sont vieux en ont rarement eu une avant et n'en souhaitent pas plus. Ne vous préoccupez donc pas de nous intégrer, contentez-vous de nous soigner le cas<br /> échéant (ce qui, pour entrer dans votre raisonnement utilitariste, fait fonctionner tout une industrie de la santé qui se porte bien-sic). Plus globalement, il me semble que les valides<br /> retraités n'ont pas besoin d'aide, ni de conseil, pour se trouver un emploi. Bon courage !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Ca c'est un cri du coeur !<br /> et un raisonnement complètement dépassé que ne renieraient pas, justement, les soixante-huitards. "repos bien mérité" : pourquoi mérité ? "contentez-vous de nous soigner" : mais non, je proteste,<br /> on n'a pas les moyens ! soignez-vous vous-même chers vieux, vous avez le patrimoine et la rente, alors jouissez sans entraves de votre repos "bien mérité" pour vous soigner... en attendant c'est<br /> avec ce raisonnement-là que les retraites par répartition sont en danger, car notre travail ne suffira pas à payer vos retraites dorées pendant 25 ans.<br /> Mais je suppose que cela ne vous dérange pas tellement car d'ici-là... vous serez mort !! (cela dit sans méchanceté je préfère préciser...)<br /> <br /> <br />
M
<br /> Dans un contexte de surpopulation mondiale, qui ne va encore que s'accentuer d'ci 2050, je ne vois aucun aspect positif à la croissance démographique française, ni pour ses habitants, ni pour<br /> l'environnement. A mon avis il faut cesser au plus vite de verser les subventions à la natalité à partir du troisième enfant, ce sans effet rétroactif évidemment: chose promise, chose due...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je comprends votre point de vue sur la surpopulation en termes de rejet, de besoins alimentaires, d'impact sur l'environnement. Pour autant, la France avec 2 enfants par femme n'est pas dans un<br /> excès démographique marqué, mais simplement dans un renouvellement. La population augmente grâce à l'augmentation de l'espérance de vie et l'immigration uniquement.<br /> En considérant la densité française par rapport aux densités allemandes, anglaises ou italiennes, notre impact sur l'environnement nous laisse une certaine marge de manoeuvre.<br /> Enfin, tant que les services publics travaillent à organiser la vie en collectivité, passer de 65 à 75 millions d'habitants en 40 ans ne me paraît pas de nature à déstabiliser notre écosystème ni<br /> notre société.<br /> <br /> D'un point de vue plus "mondial", la transition démographique en cours en Asie et Afrique devrait limiter l'accroissement démographique à 9 milliards d'habitants, avec ou sans la France : les<br /> enjeux sont clairement d'ordre "services publics" à savoir nourrir et soigner 9 milliards de personnes en limitant les rejets de pollution. Un sacré défi !<br /> <br /> <br />