Ben Ali et l'hypocrisie française

1 mois d'émeutes et puis s'en va. C'est dire la pourriture interne au régime.

Et pourtant la France "n'a pas vu venir le changement" (dixit Alliot-Marie); "personne ne supposait que la dictature était si dure" dixit Juppé dans Le Monde. A quoi servent nos services diplomatiques, consulaires et militaires ?

Pourtant, n'importe quel tunisien, qu'il soit du peuple ou de la bourgeoisie, paysan ou fonctionnaire, sait parfaitement qu'il était devenu impossible de réaliser la moindre transaction commerciale sans passer par les Trabelsi, fils ou fille, oncle ou mère. Leila ayant 10 frères et soeurs, eux-mêmes avec enfants, imaginez la taille du nuage de sauterelles qui s'était abattu sur le pays !!

Pourtant, n'importe quel tunisien sait que le taux d'éducation est élevé et le taux de chômage des jeunes record (plus de 35%). Que fait une jeunesse désoeuvrée et sans espoir ? Emigrer, se révolter ou s'armer. Les 2 premières options étaient privilégiées, du fait de la répression menée contre les islamistes, seul groupe pouvant s'armer.

Pourtant, n'importe quel tunisien sait qu'il lui est impossible de pratiquer une activité politique, syndicale ou associative sans être surveillé, écouté, ou interdit.

Il était donc parfaitement connu que la situation socio-économique et politique du pays était très tendu (comme mentionné ici). Mais la "qualité" de la répression policière (selon MAM) était le meilleur rempart contre la déstabilisation. On a donc fermé les yeux et les oreilles pour soutenir le vieux dictateur. Et maintenant que la révolution est passée, on joue les modestes, les "on savait pas", les "on est au côté des Tunisiens en ces heures difficiles".

Je sais bien que ces mots sont une posture et ne correspondent certainement pas aux renseignements et analyses stratégiques qui ont pu être faites par nos services. Mais la posture en elle-même est minable, petite, et hypocrite.

Une posture préférable me semble-t-il est la suivante : le peuple veut disposer de lui-même ; qu'il dispose ! Nous sommes prêt à collaborer à une transition calme, démocratique et francophile, pour le développement d'un régime arabe laïque moderne en Tunisie. C'est conforme à nos principes, et c'est notre intérêt.

Je regarde donc avec intérêt les prises de positions et les actions que vont engager la France dans cette voie : gel des avoirs, mandat d'arrêt internationaux, traque des hommes-clés, etc. Nous avons l'occasion de contribuer concrètement à l'amélioration de la situation en Tunisie, par son exemple du Maghreb, ne manquons pas cette occasion !!