La face cachée d'un despote éclairé

Publié le par Martin

Ben-Ali.jpgEncore un article du Monde sur la régression sur tous les plans de la Tunisie.
Ben Ali jouissait jusqu'à ces dernières années d'une bonne image en Europe, passant pour un despote certes, mais éclairé par l'intérêt général et la raison.
Il est devenu un vieux despote qui laisse sa femme rapiner le pays.

Le pouvoir de Ben Ali reposait sur 3 piliers principaux : la sécurité, les investissements étrangers, le soutien aux classes moyennes supérieures. De ces piliers découlaient la bienveillance européenne, heureuse d'avoir un pays proche et pas cher, et la bienveillance populaire, heureuse d'avoir des écoles et une avenue du 7 novembre dans chaque village.

Mme-Ben-Ali--nee-Trabelsi-.jpgLe deal intérieur "je gouverne vous vous enrichissez" est rompu. Les classes moyennes aujourd'hui fuient la Tunisie (enfin quand elles le peuvent) car le clan Ben Ali / Trabelsi leur interdit et l'accès au pouvoir et désormais aux affaires. Les proches du clan créent et rachètent des entreprises dans tous les secteurs économiques, et interdisent, font fermer ou rackettent les concurrents. L'exemple d'aujourd'hui est la décision de fermeture définitive de l'Université Libre de Tunis pour critique ouverte du régime, après la fermeture du lycée pour concurrence aux écoles de Madame...

Les investissements étrangers, gage d'ouverture d'usine et de touristes, se raréfient sous le coup de la concurrence asiatique d'une part, et de la crise économique globale d'autre part. Le chômage augmente, les salaires stagnent, l'inflation progresse. Une émeute en 2008 à Gafsa s'était  soldée par des arrestations, de la torture et des blessés.

Il ne reste donc que la sécurité, elle-même fragilisée par des actes "terroristes" aussi opaques que violents (fusilades en plein Tunis, morts, arrestations).

Ben Ali est en train donc de sécuriser sa mainmise sur le pays sur le plan économique, des fois qu'il la perde sur le plan politique. Mais à quel prix ? Il aurait pu passer à la postérité comme un petit Frédéric II, modernisateur et organisateur. Il y restera comme au mieux comme un homme manipulé par sa femme, au pire comme un despote arbitraire.



Publié dans Monde

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