Pourquoi le plan de développement industriel de Sarkozy est un leurre

Publié le par Martin

industrie-en-declin.jpgSarkozy a présenté hier tout un train de mesures qu'il souhaite prendre pour faire augmenter la production industrielle de 25% d'ici à 2015. Ces mesures sont toujours un peu les mêmes, et consistent principalement à faire des prêts, des réductions d'impôts, etc.

Or les problèmes de l'industrie française sont bien plus larges :
- concurrence déloyale de l'Allemagne qui maintient une politique de déflation salariale chez elle
- l'euro retire les options de dévalutions pour renforcer la compétitivité des entreprises au sein de l'Union, avantageant l'Allemagne et pénalisant tous les autres
- orientation de l'épargne des Français vers des secteurs imporductifs (immobilier notamment) et pas vers les secteurs productifs (PME, entreprises)
- le financement de la protection sociale repose exclusivement sur les salaires, et non sur les autres revenus, pénalisant les secteurs intensifs en main-d'oeuvre
- trop peu de grosses PME (100-1000 personnes) faute de politique économique régionale


Le premier point est une constante depuis la réunification : l'Allemagne avait un coût du travail trop élevé dans les années 90 et a mis en place une politique de maintien de l'emploi contre stagnation salariale. Progressivement, le coût du travail est devenu plus bas que ses concurrents directs (France, Italie, Royaume-Uni). Un point de vue d'aujourd'hui dans le Monde explique de manière macroéconomique les raisons du danger du deuxième point. Il est donc urgent de parler de "gouvernement économique" et la Grèce, pour cette raison, peut être une bonne opportunité.

La question de l'épargne des Français est culturelle mais est renforcée par les politiques gouvernementales depuis des années : réductions fiscales sur intérêts d'emprunt, loi Besson / Robien, avantages fiscaux pour le BTP, exonérations de succession sur les biens immobiliers en-dessous de 200.000 euros, etc. Si ces avantages étaient réduits au profit d'avantages comparables donnés aux investissements vers les TPE/PME (entamé par les dispositifs "loi TEPA" de réduction ISF et IR sur investissement dans les PME), alors une manne financière irriguerait les PME (via des fonds, fdes busisness angels, etc.). Les Etats-Unis sur ce point ont depuis longtemps mis en place des dispositifs avantageux pour les activités économique au détriment des activités patrimoniales.

Le quatrième point (charges sociales) est très complexe à résoudre, mais de manière synthétique, je dirai qu'il faut élargir l'assiette et réduire le taux. Donc tendre à une TVA sociale, augmenter l'IR, fiscaliser tous les revenus mobiliers et patrimoniaux, et en revanche réduire drastiquement tous les taux pratiqués sur les salaires. Ainsi le travail paiera et la rente paiera mais moins. Embaucher sera donc moins problématique dans les petites entreprises.

Enfin la taille des PME, l'éternel problème économique français, repose sur un manque d'indépendance des régions. Les PME italiennes et allemandes sont fortes et dynamiques car le régionalisme est fort. Une grosse PME se développe si la région qui l'accueille la conseille, l'aide et en fait la promotion partout. A quand une vraie campagne électorale pour les régionales ? A quand un vrai transfert de compétence vers les régions sur ces questions ?


Comme beaucoup de commentateurs le soulignent (journalistes, professeurs, experts), les annonces de Sarkozy sont peu pertinentes et correspondent d'abord à un timing politique. Le déclin (relatif entendons-nous) de l'industrie française ne changera donc pas de sitôt.

Publié dans France

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A
<br /> Voilà, là je suis tout à fait d'accord.<br /> <br /> <br />
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