L'endettement public, arme absolue pour démanteler l'Etat

Publié le par Martin

Le déficit public a explosé partout dans les pays développés. D'abord par "socialisation des pertes" des banques et autres organismes financiers, ensuite par baisse des recettes fiscales générée par la récession puis la stagnation actuelle.

 

Par conséquent, la dette publique augmente partout pour atteindre des niveaux rarement égalés et potentiellement très dangereux. En effet, les intérêts de la dette augmentent au fur et à mesure, amputant le budget annuel de l'Etat de sommes toujours plus importantes. De plus, une perception du risque de défaut de l'Etat trop forte abaisse sa notation internationale, donc le taux d'intérêt auquel il emprunte. Ce scénario augmente d'autant plus le poids des remboursements d'intérêts.

 

Il est donc crucial de baisser le déficit. Je ne remets pas en question la décision de limiter la dette qui me semble bonne. Je m'insurge en revanche contre les moyens mis en oeuvre.

 

De nombreux moyens existent pour réduire la dette.

D'abord, si l'on est endetté auprès de l'étranger, on peut faire baisser sa monnaie, ce qui réduit d'autant les sommes à rembourser, augmente le prix des importations et favorise le commerce extérieur. Les risques sont importants : inflation, perte de confiance dans la monnaie, baisse des investissements étrangers. Aujourd'hui, seuls les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont lancés dans cette direction.

 

Ensuite, on peut jouer sur le budget de l'Etat : recettes à augmenter, dépenses à réduire. On appelle ça la rigueur. L'impact sur la croissance est généralement négatif : la hausse des impôts pèse sur l'activité, la baisse des dépenses pèse sur le taux d'emploi et les investissements. En revanche, cette stratégie préserve la force de la monnaie et la valeur des investissements. C'est le chemin suivi par la zone Euro, également par le Royaume-Uni.

 

Certains pays procèdent aux 2 stratégies en même temps, comme le Royaume-Uni. C'est que la situation est très tendue et qu'à la différence des Etats-Unis, la livre sterling n'est pas le dollar, et n'est pas protégée par son statut de devise de réserve. Ils espérent ainsi limiter les risques de naufrage de la livre en arguant de leur sérieux dans le contrôles des finances publiques. C'est sans doute une bonne stratégie, à l'exception des classes moyennes qui risquent fort de perdre et leur niveau de vie (salaires, consommation, crédit) et leur capital (baisse des prix de l'immobilier et de leurs actifs globaux par rapport aux autres monnaies).

 

Le hic principal, dans tout ça, c'est que la stratégie la moins risquée et comportant le moins d'effets pervers, ca reste la hausse des impôts, et notamment sur les plus riches (impôt sur le revenus et les capitaux notamment). C'est pas compliqué et ca rapporte beaucoup. Pourtant ce n'est jamais la priorité. Les raisons avancées sont : fuite des capitaux (voire des cerveaux), baisse de la consommation, désincitation au travail, etc. Hormis la fuite des capitaux (partiellement vraie), les autres arguments ont été démontés depuis longtemps.

 

Car donc, dans "endettement public", il y a "public". C'est l'occasion d'appliquer l'une des régles qui gouverne la pensée libérale : réduire l'Etat, non pas en tant qu'institution, mais en tant que prestataire de service. C'est ce qu'il se passe partout, en Irlande, en Islande, en Grèce, au Royaume-Uni, en Espagne, aux Etats-Unis, alors même que cette stratégie ne marchera pas car va tuer littéralement la croissance pour au moins 10 an et qu'elle va reposer exclusivement sur les classes moyennes et basses, et les jeunes (chômage, baisse des prestations, hausse des coûts de santé et d'éducation, etc.)

 

SManif.jpgeules la France et l'Allemagne, parce que moins touchées par la crise pour le moment, limitent les atteintes aux service publics. Mais jusqu'à quand ? C'est pourquoi les manifs actuelles sont quoiqu'on en dise importantes, car elles vont limiter la tendance du gouvernement à ultérieurement casser les services publics. Et ça c'est quand même une bonne nouvelle.

 

Publié dans Economie

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M
<br /> <br /> Tu nous dis que la reduction de l'état va réduire la croissance, mais de quelle croissance tu parles? ca fait quelques années qu'on avance pas trop...<br /> <br /> <br /> Je pense que si tous les états partent dans cette direction, il y a forcement une raison, et moi, a mon petit niveau, ca me semble plutot logique.<br /> <br /> <br /> Moins le gateau est consistant, et plus faut se battre pour avoir une part qui te nourrisse! sinon les autres la choperont à ta place!<br /> Le problème, c'est qu'en france, on aime pas trop se sortir les pouces du cul, on est peut être un peu trop enfants gâtés... papa et maman nous ont grassement nourri pendant des années (ex: si on<br /> regarde les chiffres, on a largement augmenté les effectifs de l'éducation nationale ces 10 dernières années, alors qu'on a moins d'étudiants qu'il y a 10 ans!!!)... pourquoi pas, mais si ca va<br /> moins bien, faut accepter de réduire un peu la voilure, et d'augmenter un peu le rythme de boulot!<br /> <br /> <br /> Alors moi, perso, les personnes qui font la grève pour maintenir leur retraite, je peux les comprendre, mais je vais jamais cautionner leur discours:<br /> "Plutot que de bosser plus longtemps, taxons les riches, le capital, les actionnaires!" mais que d'al, c'est pas a eux de payer nos retraites, parceque le jour ou ils seront plus là, on fait<br /> quoi??? c'est a nous les actifs,chacun autant qu'on est, de faire l'effort... Attention, je ne suis pas contre la taxation des plus riches, mais pour moi ca ne doit pas servir à payer ma<br /> retraite.<br /> Si tu vas au resto avec un pote pété de tunes, tu voudras pas qu'il te paye ta bouffe... Tu lui diras plutot : quitte à sortir 50 euros, file les aux restos du coeur!<br /> <br /> <br /> "si les vieux bossent plus longtemps, ca va empecher les jeunes de rentrer sur le marché de travail" mais que d'al aussi! les boulots ne sont pas substituables! aujourd'hui on a un chomage de<br /> malade et des jeunes qu'arrivent pas a trouver du boulot. pourtant les 35 heures devaient être LA solution a ce problème!!! on voit ou ca a amené...<br /> <br /> <br /> bref, j'suis aussi d'accord sur le fait que le gouvernement doit être le premier a montrer l'exemple en dépensant moins... et c'est pas trop le cas. Même si ca me ferait pas descendre dans la<br /> rue, ca fout un peu les boules.<br /> <br /> <br /> allez, la deuxième manche de soelden va partir, bon dimanche!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> "Moins le gateau est consistant, et plus faut se battre pour avoir une part qui te nourrisse!"<br /> <br /> <br /> Cette idée est l'idée de base des 35h, je m'étonne donc que tu l'approuves ! Les 35h, c'est l'idée qu'un stock de travail mieux réparti résout le problème du chômage. On a vu que de ce point de<br /> vue ce n'est pas vrai; en revanche ca a permis des gains de productivité, une stabilisation des salaires et le développement des loisirs et seconde activité (pour les cadres et les<br /> fonctionnaires).<br /> <br /> <br /> Ici, c'est comme de penser que la croissance mondiale se répartit entre les pays, à chacun de se tirer la bourre pour en récupérer une part. Ce n'est pas comme ça du tout que marche l'économie.<br /> C'est à chacun de trouver, en son sein, des pistes d'amélioration, que ce soit par de l'efficacité, de l'innovation, etc.<br /> <br /> <br /> "si tous les états partent dans cette direction, il y a forcement une raison"<br /> <br /> <br /> Oui, et cette raison c'est la pression du financement, qui devient de plus en plus importante à mesure que la dette augmente. Qui finance ? les acteurs économiques, par l'intermédiaire des<br /> banques et des financiers. Ce sont donc eux, par leur puissance dans la chaîne de valeur, qui vont imposer leurs stratégies : rentabilité, gestion du risque, etc. Mais ont-ils raison ? Faut-il<br /> raisonner uniquement sous le critère financier au sujet d'un Etat ? Je crois que non, car comme un banque te prête quand tu es riche et t'envoie l'huissier quand tu as besoin réellement<br /> d'emprunter, les marchés financiers aident les solvables ou politiquement importants, et tuent les risqués ou politiquement sans importance. C'est comme ça qu'on met un pays à genou alors qu'il<br /> faut simplement gérer une mauvaise passe.<br /> <br /> <br /> Après, qu'on soit psychologiquement enfants gâtés, je suis d'accord. Qu'il ne faille pas exclusivement taxer les riches, c'est vrai ; en revanche élargir l'assiette des cotisations pour les<br /> asseoir non pas que sur le travail mais sur tous les revenus (y compris capital) et sur la consommation afin de BAISSER les charges sur le travail me semble efficace et juste.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les vieux qui partent ne sont clairement pas remplacés par les jeunes, ça je suis d'accord aussi. C'est toujours la logique du gâteau qu'on partage. mais que faire pour autant ? Comme l'a proposé<br /> François Chérèque de la CFDT sur Mots Croisés à Parisot du MEDEF, qui l'a accepté, il faut maintenant discuter de l'emploi des jeunes et des seniors, qui est un des sujets de fond du dossier des<br /> retraites malgré tout !<br /> <br /> <br /> <br />