Copenhague, quelles conclusions en tirer ?

Publié le par Martin

Le sommet de Copenhague s'est terminé vendredi soir (ou plutôt samedi matin). 120 chefs d'Etat s'étaient retrouvés (c'est historique) pour discuter du climat et d'un traité remplaçant le protocole de Kyoto, arrivant à échéance en 2012.

Cette petite sauterie qui a coûté très cher et a beaucoup pollué a produit un tout petit document de "déclaration politique" de 2 pages qui nous répète les poncifs habituels : il faut réduire la pollution, limiter le réchauffement à 2 dégrés, etc. Mais pas d'obligation, pas de contraintes, rien.

La presse européenne titre : échec, scandale, déception, etc. La presse américaine écrit : victoire, belle négociation, super. La presse chinoise elle : nous sommes forts, nous nous faisons respecter, nous représentons les pays en développement.

En effet, les Etats-Unis ont toujours refusé de modifier leur offre de baisser de 4% leurs émissions par rapport à 1990 (ils y sont déjà presque) alors qu'ils sont le plus gros pollueur par habitant et le second dans l'absolu. Les Chinois, quant à eux premier pollueur de la planète, ont refusé toute mesure des progrès réalisés (au nom de la souveraineté nationale) et obligent donc à rester sur du déclaratif. Les Européens qui poussaient pour obtenir des engagements précis et contraignants ont été les seuls à réellement négocier, c'est-à-dire prendre en compte les demandes des autres pour chercher un compromis.

La première conclusion qui s'impose est que seule l'Europe et quelques autres pays (Brésil notamment) veulent sincèrement réduire les émissions de CO2 pour lutter contre le réchauffement.
La deuxième conclusion est que seule l'Europe a un leadership moral sur les affaires du monde car, comme le prouve la déclaration finale, tout le monde reconnaît le problème, mais seule l'Europe et quelques autres veulent oeuvrer concrètement.
La troisième conclusion, liée à la précédente, est que l'Europe manque de poids politique pour imposer ses choix.
Quatrième conclusion : les Etats-Unis n'ont plus ni le leadership moral ni le leadership politique (désormais partagé avec la Chine et l'Europe) ni le leadership financier. Il ne leur reste que la force de l'habitude, le dollar et les armes.
Cinquième conclusion : ni la Chine ni la Russie (muette) ni l'Inde (discrète) ne sont des interlocuteurs politiques crédibles faute de vision, de courage et de compréhension de leurs propres intérêts à long terme.

Si on prend en compte les éléments d'analyse suivants :
- les USA et la Chine manipulent leur monnaie pour affaiblir économiquement leurs partenaires
- le premier marché solvable au monde est l'UE
- le leadership sur les sujets majeurs est européen (écologie, réchauffement, régulation financière, conversion à la démocratie, institutions multilatérales, etc.)

On en conclue logiquement et définitivement que la seule arme adaptée à la mise en place de politiques écologiques, économiques et sociales est ... le protectionnisme.

Qui l'imposera ?

Publié dans Monde

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B
<br /> Je ne désespère pas de voir les USA s'impliquer davantage une fois que la réforme de la protection sociale sera entérinée. Aussi, comme d'habitude avec les Etats-Unis, ne faudrait-il pas<br /> s'intéresser aux politiques environnementales mises en place au niveau de chaque Etat pour juger de l'effort du pays? Notre culture jacobine nous pousse souvent à surestimer le poids (notamment<br /> symbolique et politique) de l'état fédéral...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Juste pour dire que je trouvais ton article intéressant. Tchô et bon noel<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci. Bonnes fêtes aussi.<br /> <br /> <br />